Hommage à Chevreul

27.08.2015
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Hommage au grand scientifique du XIXe siècle, Michel-Eugène Chevreul né un 31 août, voilà 229 ans… Son nom n’est plus commun au public, mais il reste le père de la bougie moderne.

D’abord chimiste, Chevreul a travaillé sur les matières grasses animales. Il mit en lumière la réaction de la saponification à partir d’une matière telle que le suif. Combustible de la chandelle depuis 3000 ans, le suif éclairait médiocrement en dégageant une mauvaise odeur et une épaisse fumée. La saponification permet d’isoler un composant qui sera utilisé dans l’industrie textile et pour la composition du savon et de la bougie moderne : elle éclairera mieux en produisant peu de fumée sans émettre d’odeurs.

Chevreul s’est aussi distingué pour la postérité par son travail sur les couleurs. En se penchant sur le sujet en tant que chimiste, il en dégage des considérations physiologiques sur notre vision. Sa loi du contraste simultané des couleurs met en évidence l’influence du voisinage des couleurs sur la perception de leur intensité. Contiguës, les couleurs complémentaires se renforcent tandis que les non complémentaires s’affadissent. Le grand Eugène Delacroix eut connaissance de ces lois dont la diffusion eut une influence considérable sur les mouvements picturaux du siècle, Impressionnisme, Pointillisme et plus tard le Cubisme orphique.

Le centenaire de sa naissance, en 1886, est rien moins qu’un évènement national, l’Etat français frappe une médaille d’or à son effigie. Chefs d’Etats et monarques, dont la grande reine Victoria, lui adressent leurs félicitations. Car Chevreul est vivant. Bon pied bon œil, il se livre alors à un entretien avec le photographe pionnier Gaspard-Félix Tournachon dit Nadar. Son fils Paul photographie leur conversation. « L’art de vivre cent ans. Trois entretiens avec monsieur Chevreul photographiés à la veille de sa cent et unième année » publié dans le Journal Illustré et assorti des photos de son échange avec Nadar est considéré comme le tout premier reportage photographique. Le réalisateur australien Denis Tupicoff en a également fait une convaincante reproduction diffusée sur la chaîne Arte.

Les propos du vieil et fringant savant sur la sagesse de vivre et le goût d’apprendre n’ont pas d’âge. Ni sa maxime du philosophe français du Grand Siècle, Nicolas Malebranche, toute de haute visée et d’humaine mesure : « On doit tendre avec effort vers l’infaillibilité sans y prétendre. ».