Songes de Do Son

04.07.2016
Tonkin, Doson, La Pointe (carte-postale)

Tonkin, Doson, La Pointe (carte-postale)

Do Son est un lieu de villégiature balnéaire à l’écart d’Hai Phong, dans le golfe du Tonkin, au Viêt Nam. L’air marin y soulage de la touffeur hébétante de la ville. Ce nom si évocateur pour Yves Coueslant devint celui du parfum consacré à ses souvenances d’enfance.

Nés en France, les parents d’Yves Coueslant avaient émigré au Tonkin, confins de l’empire colonial d’alors. Les vicissitudes de la guerre avaient révélé l’Asie à son père qui l’avait aimée au point d’y vouloir vivre. Mais probablement son épouse supportait-elle malaisément cet exil. Son fils se remémore sa mère, son goût des fleurs, et d’abord la cây hoa huê – cette tubéreuse si odorante, si entêtante, si blanche. Il revoit ce pagodon de Do Son, petite maison de vacances sur pilotis, les passerelles à balustrades le long de l’eau, la mer aux reflets teintés par les limons du fleuve Rouge dont l’embouchure est proche, le clapotis et les senteurs du soir qui s’avivent avec le vent et l’ombre. Et toujours ces accents mordants et suaves de tubéreuse…

Do Son est né de cette mémoire. Mais son parfum a été conçu de façon à restituer la dimension végétale et naturelle de la tubéreuse encore sur tige plutôt que ses tonalités capiteuses et excessives déjà si bien honorées dans l’histoire de la parfumerie. Une tubéreuse du Viet Nam, dite indienne, conservant de la verdeur, joue la note de cœur, la rose et la fleur d’oranger chantent la note de tête, et l’iris, le benjoin et le musc blanc entonnent la longue note de fond, vivifiée de baies roses.

L’équilibre de Do Son est celui d’une communion entre humidité et fraicheur. Ce commerce harmonieux de ces deux états est une transposition olfactive du souvenir d’une moiteur prégnante soudain visitée d’une brise revigorante et propice, sous les auspices de la tubéreuse.