Berlin s’est d’abord bâtie sur des marais. Puis elle s’est bâtie sur des cendres, celles de son anéantissement de pierres. A nouveau elle s’est rebâtie sur sa division révolue pour renaître capitale, foyer de culture et de douceur civilisée.

Unter den Linden – Sous les tilleuls – est le nom de son avenue historique, dédiée à une longue promenade ombragée. Après la réunification allemande, effective le 3 octobre 1990, cette avenue n’en avait plus que le nom. Aucun tilleul n’avait survécu à la dernière guerre. Puis l’avenue, du côté Est de la ville s’était bordée d’ambassades et d’hôtels de prestige dont il se dit qu’ils étaient des simulacres d’appareil d’Etat pour impressionner les visiteurs. Déjà, à la fin du XVIIe siècle, l’allée de plusieurs milliers d’arbres, dont des noyers, avait été privée de la plupart de ses tilleuls. Ils ne furent replantés qu’en 1820, par quatre rangées. C’est ainsi qu’on les voit à nouveau aujourd’hui.

La grande réhabilitation de l’avenue entreprise à la fin des années 90 est un symbole de la ville à nouveau ressuscitée comme capitale historique, clef de voute politique et culturelle d’Allemagne et d’Europe, métropole de civilisation, d’universités, de musées, de pensée, de mouvements artistiques, mais aussi cité de contestations culturelles intransigeantes : ville tout aussi centrale pour les marges, habitée de communautés de résistance et d’insoumission aux modes de vie et de pensée de la société de consommation. Il y a une forte tradition berlinoise d’inventions, de cohabitation et de confrontation de modes de vie, rassemblant des êtres venant de toutes parts, géographiquement comme socialement. Le grand poète romantique Allemand Heinrich Heine (1797-1856) n’avait-il pas écrit : « Berlin n’est pas une ville ; c’est simplement un lieu qui rassemble une multitude de gens, intelligents pour la plupart, et qui se moquent complétement de l’endroit où ils sont. » ?

Unter den Linden est une avenue de standing qui reste un lieu paisible de rassemblement. Sa requalification a rétabli la promenade centrale, replanté ses tilleuls et redessiné sa forme originelle dans une conjoncture contemporaine. Cette immense avenue qui rejoint le pont de Schlossbrücke à la porte de Brandebourg sur la Pariser Platz, et qui accueille Berlinois et touristes en nombre, a l’éminente particularité de rassembler de nobles institutions plutôt que ses sœurs mondiales trop souvent travesties en galeries commerciales. Ici, université, musée, opéra, ambassades ainsi que de nombreux monuments et bâtiments historiques.

Berlin, ville très étendue, métropole de premier rang, surprend par son calme et la civilité de ses habitants. Si l’avenue Under den Linden n’est pas représentative de la diversité de la ville, elle exprime pourtant au promeneur la majesté d’une ville de culture et de futur où un sens collectif sait résister à la désagrégation individualiste.

diptyque ouvre sa première boutique au Kurfürstendamm 193-194 DE-10707 à Berlin.