Waltersperger

17.08.2015
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Le métier de verrier est un des plus anciens artisanats que l’on connaisse. La technique du moulage remonte à la Mésopotamie de trois à cinq millénaires avant Jésus-Christ. Sa maîtrise d’art nous rappelle qu’il est une poésie du verre.

Centenaire l’année prochaine, Waltersperger est une Maison d’artisan verrier, dépositaire rare d’une maîtrise d’art menacée de disparition par la mécanisation intégrale, la concentration industrielle et les contraintes économiques du marché mondial de la verrerie. Son savoir-faire de maître verrier est sollicité pour le flaconnage en séries limitées par la grande parfumerie, la cosmétique, et l’épicerie fine. Waltersperger est située dans la vallée de la Bresle. Entre la Normandie et la Picardie, cette vallée est le pôle mondial du flaconnage haut de gamme, qui lui vaut le surnom de « glass valley ». Trois-quarts de la production mondiale des flacons de parfums y sont produits.

Cette spécialisation remonte au XVIIe siècle. Ministre du Roi-Soleil, Jean-Baptiste Colbert, signa une ordonnance accordant à des industriels l’usage des grandes forêts de la Bresle pour y couper du bois de chauffage. Feu, rivière et sable firent de la vallée le lit idéal pour les artisans verriers. Il en demeure une tradition professionnelle et une maîtrise industrielle hors pair jusqu’à nos jours.

Waltersperger est l’ultime verrier-cristallier semi-automatique français, dont la fabrication industrielle sollicite une intervention manuelle très qualifiée. Son savoir-faire est complexe, long à acquérir et onéreux à maintenir à l’heure électronique des économies d’échelle. La semi-mécanisation permet la réplication en série de flacons dont chacun est distinct. Seules de petites quantités sont possibles. La Maison propose bien sûr de confectionner de nouvelles formes, mais elle donne aussi accès à son catalogue incroyablement rare et beau : une bible de verre du flaconnage du siècle passé dont les pages sont des moules en métal.

Initiée l’année passée, Essences Insensées est une eau de parfum diptyque à la fragrance renouvelée chaque année par la tradition du mille-fleurs. Ainsi en va-t-il du flacon, au modèle choisi parmi les exemplaires d’antan. D’inspiration Art-Déco, c’est un cylindre tubulé avec deux lignes d’orbe, au verre blond ambré. Teinté dans la masse lorsque le verre est incandescent, chaque coloration de flacon sera légèrement dissemblable.

Contemporaines des Essences Insensées, trois eaux de parfum paraîtront ensemble, ouvrant un nouveau récit. Leur flacon, à la surface parcourue de craquelages, semble pelliculé d’une arantèle de verre…

Avec tout le respect dû à Alfred de Musset, qu’il soit alors permis de diverger d’avec ses fameux vers « Aimer est le grand point, qu’importe la maîtresse? Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. », tant un écrin de verre ennoblit l’élixir qu’il préserve.

 

 

 

La Collection 34 fait l’objet d’un site dédié à ses inspirations et ses coulisses: l’expérience 34