Voyages

02.05.2016
Carnets de Desmond

Carnets de Desmond

Le voyage est un déplacement. Aussi implique-t-il d’aller où l’on n’est pas. Pour ce faire, deux moyens : la distance ou l’imagination. Car l’on peut voyager sans se mouvoir. En revanche, il n’est devenu que trop fréquent de se déplacer sans voyager.

« Le voyageur est encore ce qui importe le plus dans un voyage. » écrit André Suarès au tout début du Voyage du Condottière. « Car Comme tout ce qui compte dans la vie, un beau voyage est une œuvre d’art : une création. […] Un homme voyage pour sentir et pour vivre. A mesure qu’il voit du pays, c’est lui-même qui vaut mieux la peine d’être vu. Il se fait chaque jour plus riche de tout ce qu’il découvre. » poursuit-il. « Ainsi », enchaîne Nicolas Bouvier, un autre grand voyageur et conteur de périples aussi lointains qu’intérieurs, « le voyageur écrit pour mesurer une distance qu’il ne connaît pas et n’a pas encore franchie. »

Ce qui importe au voyage, c’est d’extraire le soi de sa geôle d’habitudes, de repères, de le déporter de son parcours fléché pour l’observer se dépêtrer dans cet afflux d’autres mondes, d’autres langues, d’autres coutumes, d’autres manières d’être gentil, ou moins, et de boire des couleurs qui sentent autrement. « Si je partais sans me retourner, je me perdrais bientôt de vue » écrit le poète Jean Tardieu, à quoi répond, sans le savoir, Léon-Paul Fargue, encore un poète, par « tu te crois libre parce que tu pars, mais tu emportes tes pantoufles. »

Nous voici avertis : il peut suffire d’allumer une bougie ou d’ouvrir un flacon de senteurs pour se transporter, mais à la seule et rude condition de se mettre en danger. Il ne s’agît pas de reconnaître, mais de se hisser sur la crête de l’instant : ici comme ailleurs, chez soi ou très loin, pourvu qu’on se tienne coi en étranger à l’intérieur de soi. Les mémoires jaillies d’un parfum nous certifient seulement d’avoir vécu, ou voyagé dans la vie. Mais disent-elles vraiment qui a voyagé ?

Avec le printemps, diptyque met le voyage à l’honneur. D’une part parce que ses trois fondateurs avaient pérégriné très loin et souvent, pour vivre et sentir mais aussi pour apprendre et collecter les artisanats du monde. La boutique diptyque des débuts débordait d’objets lointains. Ensuite, bien sûr, parce qu’un parfum est le navire aérien des voyages stationnaires. Enfin, à l’attention de celles et ceux qui n’entendent pas s’en laisser compter, pour qui il n’est pas de voyage sans bagages, diptyque propose une large gamme de petits formats aisés à caser dans leurs déplacements, voire leurs voyages.