Un vrai jardin

10.04.2017
Jardin public en Algérie (marenostrum-over-blog. net, photographie © Jakline)

Jardin public en Algérie (marenostrum-over-blog. net, photographie © Jakline)

Récit d’étrangeté que Un vrai Jardin d’Hélène Cixous.

Le texte, dit de la langue nue d’un enfant, nomme un monde où tout semble incertain. L’auteur a un nom qu’il ne nomme pas. Les êtres nommés, bonnes et gardiens, sont des espèces sans visage. Ils sont hostiles. Elles le menacent. Autour du jardin d’où il parle, le monde est abîmé de bombes. Le nombril de l’auteur lui certifie n’avoir pas toujours été seul, d’avoir vécu à l’abri d’un ventre. Maintenant, il est seul en ce jardin. La mise en accusation de ce nombril par les adultes met en doute leur humanité même. Peut-être ne procèdent-ils pas d’un jardin originel ? C’est le seul mot clair et sûr, lumineux, du texte : jardin. Et le seul confort et réconfort de la voix du récit. Sa terre, son sable, son ocre, sont son seul bien, qu’il prend à pleines mains, tout son corps à même la terre, blotti en ses talus, y joignant jusqu’à son sang sans douleur. Ce jardin c’est tout. Tout ce qui vaut. Tout le reste est méchanceté et mort. Bientôt une bombe réunit l’auteur à sa terre. Enfin fait-il corps avec son jardin.

Bien sûr, ce récit procède probablement d’une translation de conjonctures. Il n’importe. Les ramifications du monde se sont ici réfugiées dans un jardin de mots simples, avec quelques allées et une ligne de fracture essentielle entre les méchants, leur guerre, et la vie, son jardin.

Tags: