C’est son parfum qui propage dans le monde la renommée de la tubéreuse. Son exhalaison florale est des plus grisantes et persistantes qui soient. Au point de menacer les bonnes mœurs et d’incommoder les femmes enceintes, menues bricoles qui ne sauraient dissuader un parfumeur.

La tubéreuse est une fleur du Mexique, qui tout comme la vanille parvint en Europe au XVIe siècle, puis essaima sur toute la planète. Elle est de la famille des agavacées, comme l’agave bien sûr, ou le yucca. Longtemps elle fut cultivée à Grasse afin d’en pourvoir son industrie de la parfumerie. Elle reste particulièrement plantée en Asie et en Inde. Elle fleurit de juin jusqu’à parfois novembre. Ses petites fleurs étoilées et nivéennes (qui évoquent la neige) sont si généreuses de parfum qu’elles continuent de répandre leurs molécules odorantes plus de 48 heures après avoir été cueillies. Les accents de senteur de tubéreuse sont riches, courant de la verdeur végétale aux tons épicés.

Son bouquet des plus suaves du monde floral lui a valu plusieurs soliflores prestigieux (parfum avec une unique dominante florale). Seulement voilà : une telle suprématie aromatique ne saurait aller sans dommages, voire sans médisance. Les dommages se concentrent sur l’inconfort nauséeux que son parfum pourrait provoquer. La médisance va bien au-delà, accusant la fleur d’être rien moins que « peccamineuse » : qui incite au péché. Aussi gardait-on les jeunes filles (car toujours le péché n’est-il considéré qu’au seul féminin, étourderie toute masculine) de gambader seules dans un jardin fleuri de tubéreuses, et surtout pas le soir, il va de soi.

Fleur préférée de la mère d’Yves Coueslant, l’un des trois fondateurs de la Maison, qui avait passé son enfance au Viet Nam, celui-ci lui a dédié l’eau de toilette Do Son, également déclinée en eau de parfum. Ce parfum compose la fraicheur verte de la plante en pied avec les forts effluves de la fleur de tubéreuse.