The Invisible Dog

19.09.2016
Lucien Zayan - The Invisible Dog, Brooklyn

Lucien Zayan - The Invisible Dog, Brooklyn

Invisible Dog est cet immeuble hangar de Brooklyn ingénieusement chambardé en centre sans milieu : site multiculturel, résidence d’artistes, zone de spectacles, marché aux puces, boutiques pop-up, turbulences culturelles, plate-forme des coups de tête, de foudre et de cœur.

Il se passe toujours quelque chose au 51 Bergen Street, ce quelque part de passages et de brassage de Brooklyn. Quand Lucien Zayan tombe sur l’édifice désaffecté en 2008 et qu’il se présente avec un projet de centre d’art à Frank DeFalco, l’un des propriétaires, celui-ci l’interroge : « avez-vous l’argent ? » « Non » « Moi non plus » : marché conclu. C’était en 2008. Depuis, Invisible Dog est une plaque tournante d’arts et d’essais réussis.

Le nom est antérieur. Le bâtiment est du XIXe, une usine alors. Dans les dernières 70’, un certain Zorbas ramène d’Europe la facétie absurde de la laisse de chien sans chien. Que vous croyez : le chien est invisible. 150 employés plus tard, il y fabrique ceintures, bijoux et ces fameuses laisses rigides pour promener ce drôle de doudou dada. En 2005, il ferme en laissant des caisses de milliers de ces laisses qui ont donné leur nom au lieu : Invisible Dog. Contre tous les conseils avisés, Lucien Zayan choisit d’en conserver le nom. Surtout, pour lancer le lieu, il monte des marchés aux puces temporaires dans l’endroit, et y vend ces laisses insensées. De nombreux acquéreurs en connivence colporteront l’aura de l’endroit en promenant leurs chiens transparents au nez et à la barbe du ridicule. Aujourd’hui encore, si la trésorerie flanche un brin, Zayan ouvre une caisse à laisses qu’il met en vente. A l’époque c’était 1$ pièce. Maintenant 20. Bientôt, ça coûtera plus qu’un chien.

Ancien directeur de théâtre et d’Opéra, assistant de Stephane Lissner au Festival d’Aix avant son départ pour la Scala, Lucien Zayan a inventé tout seul un centre incontournable dans une ville où il ne connaissait personne. S’y montent de passagers studios de photos, s’y tiennent performances, galeries d’expositions, installations, foires, performances, pièces de théâtre, accueil  de festivals (Crossing the line),  association avec French Institute of Alliance Française, marchés aux puces improvisés, fêtes imparables… Zayan est le curateur discrétionnaire, visionnaire et exalté du Invisible Dog, cet accélérateur de rencontres.

Parfois encore, des pop-up (boutique temporaire) y élisent domicile. Par clin d’œil au joyeux bazar que fut la boutique diptyque des débuts, diptyque fait partie de la fête du chien invisible. Le diptyque bazar de La Collection 34 2016 y a été présenté en juin dernier et y fait figure pour quelques mois encore.