Tam Dao

02.06.2017
Guide francophone au Vietnam - station de Tam Dao

Guide francophone au Vietnam - station de Tam Dao

Tam Dao avait une résonnance d’enfance pour Yves Coueslant, l’un des trois fondateurs de diptyque. Elevé au Tonkin (Vietnam septentrional), il passait ses vacances dans ses monts boisés dont l’air tiède reposait de l’atmosphère suintante de Hanoï. Tam Dao est un parfum de souvenance au santal…

Aux temps des étouffants étés, les villégiatures à Tam Dao promettaient une bouffée de fraicheur, relative, au sein de sa jungle des montagnes où l’air souffle un peu, tandis qu’il stagne, saturé d’humidité, en basse altitude côtière. Lorsqu’Yves Coueslant revisita son Vietnam natal, au cours des années 90, lui vint le souhait de dédier un parfum à ces bois touffus de Tam Dao aux brumes tropicales qui lui étaient en été, paradoxalement, une clairière aérée. Ces bois embaumaient… Parmi ses parfums, l’arbre de santal – une vaste famille ligneuse en vérité – semblait être l’armature odorante des milles parfums de la jungle qui l’assaillaient. Aussi Tam Dao, le parfum, est-il un accord dont le santal est la dominante.

Le santal est un bois précieux et sacré. Il pousse en montagne, particulièrement dans les chaînes d’Asie. Il peut vivre jusqu’à cent ans et met une trentaine d’années à atteindre sa taille adulte. Connu depuis quatre millénaires, ses vertus spirituelles et médicinales, distinction toute occidentale, sont majeures dans l’hindouisme, le bouddhisme et le tantrisme. Il est un vecteur de méditation ainsi qu’une offrande. Il se brûle dans les temples, et il s’en trouve dans les hauteurs de Tam Dao… Très odorant, il parfume souvent les encens. Ses maintes espèces sont riches de qualités, et certaines sont propices à la parfumerie. Son odeur est boisée et embuée de fraîcheur. Elle a aussi la particularité de fixer les arômes de tête qui lui sont associés.

Le santal de Tam Dao est celui de Goa, d’une nature d’exception, dont l’odeur boisée est pure et puissante. Cette note est appuyée par celle du cèdre qui la met en valeur, tandis que deux résineux camphrés, le bois de rose et le myrte, sont instillés pour retenir la teneur moelleuse et rafraîchissante de l’odeur du santal. Du musc blanc est également présent pour relever le fin délié de ses tons épicés.

Avec Do Son, Tam Dao est le second parfum inspiré de l’enfance d’Yves Coueslant dans un Tonkin encore colonial. Le premier chante le souvenir de sa mère, des tubéreuses, de la baie de Do Son, c’est une eau fleurie. Tam Dao est le parfum des hauteurs, c’est une eau boisée, possiblement plus Yang.

Un proverbe indien  dit : « l’homme vertueux doit imiter l’arbre de santal qui, lorsqu’on l’abat, parfume la hache qui le frappe. » C’est dire la vertu morale attachée à ce noble bois. Mais c’est ici la vertu du souvenir, du monde révolu qui vit en soi et nourrit l’accueil du présent qui fut invoquée par la création de Tam Dao, un parfum que chacune et chacun saura romancer de son histoire.