Sub rosa…

09.01.2017
Écusson avec rose et glaive, placé au plafond, à Rhodes (© edlimphoto)

Écusson avec rose et glaive, placé au plafond, à Rhodes (© edlimphoto)

La collection Rosa Mundi n’est en aucune manière à évoquer sub rosa. Bien au contraire. Avec Rosa Mundi, la rose a le ton haut. Mais avec sub rosa, les voix susurrent : la fleur y est symbole de silence et de secret. Rosa Mundi, tout embaume ; sub rosa, rien ne transpire.

Sub rosa signifie littéralement « sous la rose ». L’expression signifie que les propos d’un conciliabule sont confidentiels, qu’ils sont échangés à couvert et lient ses interlocuteurs au sceau du secret. Il semble qu’aux âges médiévaux, une rose ou sa représentation présente au plafond d’une salle intimait à ne pas répéter les paroles échangées sous sa caution. La formule complète est : « sint vera vel ficta, taceantur sub rosa dicta » : qu’ils s’agissent de vérités ou de mensonges, les choses dites sous la rose doivent rester secrètes.

Dans l’Antiquité, la rose était parfois associée à la discrétion, au silence. Dans les initiations aux mystères sacrés de l’Egypte et de la Grèce, les aspirants portaient des roses en couronne ou colliers durant les rituels de révélation. Le très antique dieu égyptien Horus, est représenté dans son enfance avec un doigt sur sa bouche close. Horus enfant « Hor-pa-khered » deviendra Harpocrate dans la mythologie grecque, où une histoire raconte qu’une rose lui fut offerte en remerciement de son silence sur les débordements de Vénus. Mais est-ce bien une rose, ou une fleur de lotus, parfois du lierre, que l’on identifie sur une des représentations de ce dieu mystérieux associé à beaucoup de symboles ? En fait, aucune source ne paraît parvenir à ancrer l’expression sub rosa dans l’Antiquité avec certitude.

Les origines seraient ultérieures. Dans l’Europe médiévale, la rose blanche à cinq pétales, représentant les cinq sens, symbolisait la discrétion et le mutisme. C’est cette rose que l’on retrouve sculptée dans certains confessionnaux. A la Renaissance, les ordres hermétistes chrétiens, dont les alchimistes, développèrent tout un langage par essence ésotérique où la rose avait diverses significations. L’ordre de la Rose-Croix vient à l’esprit. Mais le titre de cet ordre lui-même donne lieu à diverses interprétations, du nom de son fondateur mythique, Christian Rosenkreutz, ou bien de la rose ou encore de la rosée, matière naturelle sacrée de certains occultismes… Dans le monde des récits mythologiques et des symboles, tous êtres et toutes choses se métamorphosent selon les époques et les intentions des récitants.

Les origines de l’expression sub rosa se perdent donc en conjectures. Peut-être tout simplement parce que ceux qui s’étaient engagés à n’éventer aucun dit de leur commerce auraient tenu parole en se taisant. Car quel est le risque qu’une indiscrétion soit commise ? Celui de découvrir le pot-aux-roses.