Picasso : période rose

02.02.2015
Pablo Picasso - portrait de Gertrude Stein

A l’approche de la fête d’un certain Saint, un certain quatorze d’un certain mois, le rose se fête. Si le cœur est rouge lorsqu’il saigne, il est rose lorsqu’il aime. Parce que c’est un ton tendre, la couleur rose est associée à la tendresse, ce qui lui vaut une symbolique un peu fleur bleue. Couleur de la virilité du temps des chevaliers, il est devenu l’étendard du romantisme sentimental, du bonheur de deux qui ne font qu’un. Alors voit-on la vie en rose lorsque le cœur chante en chœur avec un autre. Faute de quoi tout n’est pas rose dit-on encore en France.

 Le rose est une couleur complexe. Le magenta couleur secondaire en synthèse additive des couleurs est un rose obtenu par le mélange des teintes primaires rouge et bleu. Cette couleur artificielle aussi appelée roséine n’existe pas dans l’arc-en-Ciel. Pourtant, le rose le plus fréquent reste un rouge dilué avec du blanc. Aussi les nuances de rose sont-elles aussi vastes que l’ambivalence de sa symbolique, de pureté ou de séduction, d’enfance ou de privautés adultes, d’amours terrestres ou de noces spirituelles.

 Rendons ici hommage à la période dite rose de Pablo Picasso (1881 – 1973). Tout est souvent bien connu, et mieux vaut-il voir ces œuvres qui sont toujours parmi les plus populaires de ce titan de l’Art. La période rose est en général datée entre 1904 et 1906. Picasso vient de s’installer à Paris, dans un atelier du « bateau-lavoir » sur la butte Montmartre. Il devient l’ami de du peintre Matisse et du poète Apollinaire. Picasso avait auparavant fait siens avec virtuosité les mouvements picturaux qui l’avaient précédé. Ensuite, à partir d’environ 1901, ses toiles accusèrent une prédominance de couleurs froides, dépeignant misère, pauvreté, solitude, vieillesse et mort. Ce fut sa période bleue. Alors lui succède la période rose aux tons orangés, roses, plus clairs, plus lumineux ; au trait plus classique, plus fin, plus précis ; à la thématique plus rêveuse y représentant la troupe des gens du voyage, des acrobates, clowns et autres personnages de cirque, des écuyères, puis cet arlequin qui restera un symbole cher au peintre. La maternité y est très présente aussi. Plus sentimentales, plus douces, plus heureuses peut-être, ces toiles restent étranges et fécondes d’ambivalences. Les douceurs de ce rose sont d’une insondable intensité.

 Très rapidement ensuite, Picasso précipitera la peinture dans des bouleversements dont elle tremble encore.

 

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