Rose d’Amour

29.10.2015
Pierre Loti (1850-1923)

Pierre Loti (1850-1923)

Prononcer « Opone », « Ispahan », « Samarcande »… ou « Constantinople ! » c’est ouvrir une boîte au fond d’un vieux grenier sombre d’où s’échappent soudain en mille couleurs autant de légendes et d’enchantements que de récits historiques.

L’orient indique l’est. Il n’est relatif qu’à une position dite occidentale. Mais l’Orient… cette majuscule ouvre et recouvre des confins de rêveries dans l’ancienne psyché européenne. Cet Orient-là, lent, mystérieux, féérique, luxurieux et inquiétant, a été conté par l’écrivain Pierre Loti (1850-1923). En tant qu’officier de marine, il l’avait accosté de la méditerranée à la Chine. Mais en tant qu’artiste et galant, il n’en a pas cessé pour autant de le parer aussi de ses fantasmes.

A Constantinople pourtant, où il a longuement séjourné, il s’est voulu proprement stambouliote. La capitale de l’Empire Ottoman, bientôt de la Turquie, répondait à ses illusions et le comblait par son exotisme, sa splendeur et son désordre. Il en fut turcophile à la folie, et même jusqu’à la déraison.

Il y a tout juste quelques années, dans la maison de Pierre Loti à Rochefort, en Charente-Maritime, fut exhumé du double-fond d’un grand reliquaire un flacon, une miniature, presque un bijou. Sur son étiquette était écrit « Loti Rose d’Amour 1913 » ainsi que l’adresse d’un parfumeur parisien, à qui l’écrivain commandait ce parfum sur mesure. Cette découverte est due au nez Laurent-David Garnier.

La rose et son parfum se tiennent là, entre évocations, souvenirs perdus et vérité. La rose de Damas est aussi appelée rose de Turquie, parce qu’on la cultive dans la région montagneuse d’Isparta, au sud-est du pays. Cette rose-ci, son parfum, flotte comme une pièce maîtresse au sein du parfum d’Opôné dédié à cet Orient hallucinatoire.