La Rose et la Bête

31.12.2015
La rose, dans La Belle et la Bête de jean Cocteau, sorti en salles en 1946.

La rose, dans La Belle et la Bête de jean Cocteau, sorti en salles en 1946.

C’est une rose qui scelle le destin de la Belle et la Bête. Cette innocente rose demandée par une âme pure à son père provoquera leur rencontre puis d’effrayantes péripéties qui précipiteront leur amour éternel.

Ce rosier de la Bête est son plus grand trésor, plus que ses ors, que son château vivant et que son monde de sortilèges et de sang. La Bête est captive de sa brutalité animale, elle souffre dans son royaume de pulsions obscures : la rose est sa lumière, son bien le plus pur, son espoir d’esprit. Aussi lorsque le père de Belle, égaré, en cueille une pour la lui rapporter, la Bête surgit-elle pour le condamner à mort. Mais le sort propice, muant sortilège en enchantement, commuera cette peine en sentence d’amour.

La Belle et la Bête est un conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont publié en 1756. Jean Cocteau le mit en poésie par le cinéma en 1945. La poésie, selon lui, devait « dévoiler l’invisible ». Avec le cinéma, l’artiste entendait produire un « réalisme magique ». « Je voudrais qu’on trouve mes images réalistes. Si je les embête tous, sur le plateau, avec mes trucages […] c’est parce que je veux du vrai irréel qui permette à tous de rêver ensemble un même rêve. Ce n’est pas le rêve du sommeil. C’est le rêve debout du réalisme irréel, le plus vrai que le vrai… » (Jean Cocteau)

La vision de voyant du poète, ses références picturales de grands maitres (Vermeer et l’école flamande, Velasquez, Gustave Doré), l’art de ses collaborateurs (Henri Alekan à la direction de la photo, le cinéaste René Clément, le peintre, illustrateur et décorateur Christian Bérard, la Maison Paquin et le jeune Pierre Cardin, le musicien Georges Auric, pour les plus connus), et de ses acteurs, font de La Belle et la Bête un rêve d’œuvre, une mise à l’épreuve indépassable de l’empire de l’image.

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