Le questionnaire diptyque a été composé sur le patron de celui que Proust a rendu célèbre par ses réponses. De ces trente-quatre questions destinées à faire connaître une personne qui est chère à diptyque, celle-ci n’est tenue de répondre qu’à celles qui lui plaisent.

Fabrice Pellegrin est un auteur de parfum. Né à Grasse, fils de parfumeur, c’est un enfant du sérail : aussi entreprend-il d’apprendre le passionnant métier de parfumeur sitôt son bac en poche. Son goût le porte aux matières naturelles et aux écritures de parfum dites « à l’orientale ». Il aime composer des formules courtes, structurées et clairement étagées. Parfumeur chez Firmenich, il considère que le dialogue, ses interlocuteurs et leurs récits sont partie prenante de son métier.

2. Quelle période de l’histoire humaine – un « pays lointain » écrit Racine – souhaiteriez-vous visiter en touriste invisible ?
Ce qui mobilise ma curiosité, ce sont les périodes de mutation dans l’histoire de l’humanité. Imaginez ce que furent les découvreurs comme Copernic, Christophe Colomb… Parmi d’autres mutations figurent la Renaissance, le Siècle des Lumières.

3. Votre met favori
Tomate du jardin avec une feuille de basilic avec un filet d’huile d’olive.

4. Votre senteur préférée
Le jasmin de grasse au mois d’août.

5. Votre Madeleine de Proust
Sur le chemin de mon école, lorsque j’étais enfant je passais devant l’usine Roure qui fabriquait les distillations de Patchouli et de mousse. Depuis lors cela m’évoque l’insouciance et les délices de mon enfance.

7. L’animal de plus émouvant pour vous
Nous sommes tous des mammifères….Vous !!!!!

9. Quelle est la qualité que vous possédez qui vous a fait du tort ?
La discrétion.

10. Et quel serait votre défaut auquel vous seriez le plus redevable ?
L’humilité.

12. A quoi pensez-vous ?
Mon nez pense à ma place.

14. Le roman qui vous a ouvert le monde comme un livre, qui vous a augmenté ?
La peau de chagrin d’Honoré de Balzac.

17. Quel tableau – ou peintre – a-t-il le mieux peint les senteurs selon vous ?
Giuseppe Arcimboldo.

18. Quel sculpteur, sculpture, choisirez-vous pour votre musée imaginaire ?
Les sculpteurs qui consacrent la beauté et l’harmonie, qu’elle soit humaine ou animale. Toutes les sculptures qui ornent les palais, en Grèce ou en Italie.

19. Quels contemporains reconnus ou inconnus vous semblent améliorer le monde ?
Pierre Rabi pour son parcours fulgurant d’homme isolé et parmi les inconnus tous les hommes qui travaillent la terre sans la détruire.

21. Quelle question souhaiteriez-vous que l’on vous pose ?
J’aimerais vous entendre dire : « Pourquoi faut-il toujours attendre des réponses au lieu de prendre le temps de réfléchir longtemps sur les questions? »
Accepteriez-vous d’en partager la réponse ?
Oui, lorsque j’aurai trouvé les réponses…

24. Quel est votre paysage d’évasion ?
Paysage naturel sans présence humaine car le regard est une formidable machine à se déplacer dans le temps.

26. Avez-vous une maxime dans votre métier, qui vous serve de boussole et de lanterne?
Il faut toujours viser la lune. Au pire si on ne l’atteint pas on reste dans les étoiles.

27. L’acte de création régit-il votre vie ?
Je n’ai pas la prétention de créer quoique ce soit, en revanche je me considère comme un inventeur d’odeurs.

28. Le cadeau, le partage, la belle expression « faire présent de… » : qu’aimez-vous offrir ?
Mon temps familial.

29. Si vous deviez parler de votre métier à de très jeunes talents pour les inciter à l’embrasser ?
Observer, patience, apprendre, humilité.

30. Qu’est-ce que l’artisanat à notre époque ?
La rencontre d’un homme ou d’une femme d’une vision, d’une passion d’une matière, et qui engendre une transformation qui n’abîme pas la nature.

33. Et quel serait votre parfum diptyque favori (Eaux ou bougies) ?
Parfums :
Eau Duelle
L’Ombre dans l’Eau
Bougies :
Noisetier
Musc
Vanille

34. Pour vous, diptyque en quelques mots ?
Authentique dans son histoire.
Élégance dans la conception de leur image.
Humains dans le développement des projets.
Autonomie et liberté dans le processus de création.
Patients et sans contraintes, aidés par une temporalité qui nous connecte avec la nature dans une industrie qui paradoxalement se hâte frénétiquement.