La protection de Haechi

09.12.2014
Stone_dog,_guardian_of_palais de Gyeongbokgung_against_fire,_Korea_c.1900 (POUR LA UNE)

diptyque ouvre à Séoul sa première boutique en Corée… Voilà l’heure de rendre hommage à Haechi, l’être mythique protecteur de la cité.

Le Haechi est un descendant mythologique du Haetae, un animal fabuleux. Comme la chimère grecque, il est composé de plusieurs animaux. Comme la manticore perse, il a un corps de lion et une queue de dragon ou de reptile. Mais tout à l’inverse de nos bêtes malfaisantes, le Haetae ou le Haechi de Corée – sont-ils parents ou est-ce le même métamorphosé ? – est un sage animal : il discerne le bien du mal, se dresse pour la justice et porte bonne chance et prospérité. A ce sujet, on évoque souvent son cousinage avec le Xeishi chinois. On le suppose parfois même omniscient, mais nul ne l’étant, personne n’en est jamais sûr.

Tous ceux qui l’ont vu n’en démordent pas : il tient du lion ! Ensuite les descriptions divergent. Plus il y a de témoins, moins ça concorde, les policiers le savent, les mythologues le confirment, les mythomanes le prouvent. Bref. Le Haechi a des ailes ici, des écailles là, une corne ailleurs, ou encore une fourrure merveilleuse. Ainsi a-t-il des figurines très diverses pour le représenter. Mais toutes sont de bon auspice. C’est un gardien. Il se trouve souvent à l’entrée des demeures, et particulièrement royales. Le Haechi protège. Ainsi était-il représenté par une immense statue de pierre à la grande porte Gwanghwamun, l’entrée principale du palais central de Séoul, le Gyeongbokgung. Car il est la sentinelle contre les mauvais esprits et le feu. Aujourd’hui, il en demeure l’imperturbable gardien de sa mémoire, car le palais a tout de même brulé, été détruit sous l’ère nippone, à la fin du XVIe siècle, puis encore au début du XXe siècle. Mais il aura bientôt presque entièrement recouvré sa forme originelle, une longue et minutieuse restauration le ressuscitant encore : voilà encore la protection du Haechi à l’œuvre. C’est le palais du « bonheur resplendissant ». Qui ne l’a cependant pas été pour tous, l’histoire dynastique des Joseon débordant d’impitoyables liquidations.

Le Haechi sera à nouveau mis à l’honneur comme symbole de la ville lors des jeux Olympiques de Séoul de 1998. Pour l’occasion, il fera encore peau neuve en se prêtant à des stylisations de cartoon le présentant débonnaire en diable.

Séoul se sera nommée Wiryesŏng, Hanyang, Gyeongseong puis Séoul à nouveau, son nom originel à la signification prophétique : capitale. La ville a été bâtie selon les principes de la géomancie extrême-orientale, le « p’ungsu chiti » en coréen : la cité fortifiée, nichée dans une cuvette au nord du fleuve Han s’adossait à la montagne, enserrée dans un écrin de collines. Aujourd’hui, ce sont les quartiers traditionnels et pittoresques, ainsi que des zones de pauvreté qui occupent leurs flancs tandis que l’immense cité ultra-contemporaine et hyper-technologique occupe le lit de la vallée du Hans. Avec près de 23 millions d’habitants, elle est là 7ième plus grande agglomération de la planète.