Paris, je t’aime !

16.04.2018
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Paris ! Où-ça ? Lequel ? La ville a cent visages. Chacun a ses masques. La littérature partout les dévisage. La mode renvoie leurs reflets. Un battement de cils plus tard, deux rues derrière, brille une autre lumière à l’ombre d’une porte cochère. La cité des lettres est un dessin de passerelles et de repaires.

« Je ne pense pas qu’aucune capitale soit pareillement composée non seulement de quartiers, mais d’ilots, formés parfois de deux ou trois rues, un reste de jardin, une cour, ilots qui ont chacun leur conformisme particulier, leur quant-à-soi, leur solidarité de groupe, leurs chats indivis. » écrivait la grande dame des lettres Colette (Paris, je t’aime !). Cet écrivain si libre devint la parisienne idéale mais n’y était pas née. Elle ne portait pas Paris dans son cœur. La flamboyante résidente du Palais-Royal apprit à l’aimer. Car des villes et des vies minuscules pullulent dans la grande Capitale.

Prenez la rue Saint Honoré. Aujourd’hui tout y abonde. Mais rien n’y fait pour cet étudiant : « Ton réveil sonne, tu ne bouges absolument pas, tu restes dans ton lit, tu refermes les yeux. D’autres réveils se mettent à sonner dans les chambres voisines. Tu entends des bruits d’eau, des portes qui se ferment, des pas qui se précipitent dans les escaliers. La rue Saint-Honoré commence à s’emplir de bruits de voitures, crissement des pneus, passage des vitesses, brefs appels d’avertisseurs. Des volets claquent, les marchands relèvent leurs rideaux de fer. Tu ne bouges pas. Tu ne bougeras pas. » écrit Georges Perec, qui a habité cette rue par deux fois, dans Un homme qui dort (1967). Mais il ne faut pas s’en laisser conter sans s’en laisser chanter d’autant, et voilà qu’on perd vite la tête dans la rue Saint Honoré, chantent les américains de Portland de Pink martini dans Oú est ma tête ?: « J’ai perdu ma tête / Dans la rue Saint-Honoré / J’ai cherché ça et là / Je ne l’ai pas trouvée / Dis-moi Où est ma tête ? »

Rue Saint Honoré, du lettré alité au musicien étêté, on se tutoie. Pour le reste, chacun y suit sa liberté à la lettre. Car « Paris est la grande salle de lecture d’une bibliothèque que traverse la Seine » (Walter Benjamin). Cette liberté même par laquelle Jacques Rivette clôt le générique de son premier film « Paris nous appartient » par une citation de Charles Péguy : « Paris n’appartient à personne ».

 

diptyque ouvre une nouvelle boutique au 330-332 Rue Saint Honoré, 75001 Paris