Les paquebots, un parfum de nostalgie, par Guillaume Morel

C’est en souvenir de ses traversées vers Saigon à bord des paquebots Felix Roussel ou D’Artagnan qu’Yves Coueslant – co-fondateur de la maison diptyque – a eu l’idée en 2012 de créer Volutes, une fragrance délicate aux notes de tabac blond, d’épices, de cire et de miel, qui évoque le voyage. Un parfum de nostalgie, en écho à la fabuleuse aventure de tous ces navires de la Compagnie générale transatlantique (Normandie, France, Paris…) et des Messageries maritimes (Amazone, Champollion, Georges Philippar…) qui, entre la seconde moitié du XIX^e siècle et les années 1970, ont emporté des millions de voyageurs, émigrants, hommes d’affaires, étudiants sans le sou ou familles bourgeoises rêvant de luxe et de dépaysement. Il y eut d’abord la traversée mythique du Havre à New York à bord des transatlantiques (qui jusqu’à l’avènement de l’avion, étaient le seul moyen de rejoindre l’autre côté de l’océan), mais dès les premières décennies du XX^e siècle, de nouvelles lignes s’ouvrent vers des destinations plus « exotiques » comme la Grèce, l’Égypte, l’Algérie, le Maroc, le Japon ou la Chine. Les années 1920-1930, celles du développement du tourisme et des loisirs, marquent l’âge d’or des compagnies, qui rivalisent de créativité pour offrir à leurs passagers un décor et un service inoubliables. Salles à manger gigantesques où l’on déguste plats et vins d’exception, salons de musique et fumoirs, salles de spectacles et de cinéma, boutiques, bars et piscines, les paquebots sont alors de véritables palaces flottants. Le plus fastueux sera sans aucun doute le Normandie, en 1935. De Pierre Patout et Henri Pacon à René Lalique, de Paul Jouve à Jean Dunand et Jules Leleu, les plus grands décorateurs de l’époque œuvrèrent à son bord pour en faire un chef-d’œuvre absolu de l’Art déco.

Paquebots, l’art du voyage à la française, par Guillaume Morel, éd. Place des Victoires.