Miami

07.12.2015
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Mégapole complexe, Miami modèle une matrice possible des cités de l’avenir. Si Los Angeles reflète l’hétérogénéité prodigue de la culture américaine contemporaine, Miami semble déjà réfléchir l’image d’une culture transnationale, hybride, post-moderne et innovatrice.

Que ces marais isolés, balayés d’ouragans, à qui il aura fallu plus de trois siècles pour devenir une ville (de l’accostage de Pedro Menéndez de Avilés en 1565, forcé par la quête d’un fils naufragé, à la fondation juridique de Miami en 1896) soient devenus un prototype d’hyper-pole en reconversion constante dans un monde qui a pourtant le tournis du changement est un étonnant paradoxe. Ça n’est pourtant pas un hasard. Miami est la cité des polarités adverses. Sa logique protéiforme réside dans la puissance de réinvention urbaine de ses communautés en prises les unes avec les autres et toutes à la fois sous l’emprise de leur appartenance à cette agglomération mutative.

Autrefois réputée pour sa dangerosité, canonisée par tant de films et « la » série culte, cette cité bigarrée est devenue une plaque tournante des arts contemporains. Cette mutation lucrative assoie la position d’influence mondiale de Miami. Pourtant, elle ne saurait s’expliquer par l’argument des gros sous. Bien sûr, de nombreux nantis constituaient une niche somptuaire d’acheteurs d’arts. Mais c’est l’explosivité artistique qui a attiré galeries, artistes, collectionneurs et musées, puis d’une occurrence d’Art Basel. Pourquoi ? Parce que l’art moderne a été le dénominateur commun d’expressivités contestataires de populations exilées, à commencer par Cubains et Haïtiens, dans une ville dont le climat a cultivé la tradition de la vie en extérieur, du visuel et de la mise en scène.

Exils, diasporas, altérités, co-existences, dénivelés de conditions de vie, ont ici fait le lit d’une interculturalité artistique procédant par greffes à l’infini, engendrant « croisement iconographique, détournement, altération, décontextualisation, acculturation, interférence, chevauchement, saturation, anthropophagie, syncrétisme, maniérisme, ornement, brouillage, confusion, contagion, alternance, modulation, etc. » (Emmanuelle Chérel, historienne de l’art). Sismographes artistiques de l’ultra-métissage, les antennes inventives de Miami réagissent aux frémissements planétaires comme une bourse de changes aux cours mondiaux.

Carrefour éclectique des excès, sans unité stylistique de bâti, mosaïque turbulente, c’est une fuite en avant de l’inventivité de tous, des modes de vie aux propositions d’artistes, qui produit l’unité attractive de Miami, cité luciole en néons du futur.

 

diptyque ouvre sa première boutique à Miami au Bal Harbour, 9700 Collins Ave #242.