L’Eau des Sens

07.05.2018
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L’Eau des Sens est une eau de toilette par concentration et un parfum par composition. Son nom se jouant du sens des sons – des sens et d’essences – l’annonce polysémique car son accord olfactif entend s’adresser aux sens réunis. Les notes et mots d’Eau des Sens suggèrent son lignage avec les origines de diptyque.

L’Eau des Sens est une révolution au sens premier d’un retour aux origines. Dans l’histoire des eaux diptyque, ce sont les matières qui ont guidé les idées créatives. Cette eau nouvelle revient aux premières eaux par un chemin symétrique : c’est l’idée d’émouvoir la totalité des sens qui a élu sa matière première, le bigaradier.
Son fruit, l’orange amère, vit dans l’inconscient collectif olfactif, il est relié à l’enfance, son plaisir gustatif est intense, il est acide et sucré, ainsi sans genre, ce qui le rapporte aux eaux de la Maison à l’attention de chacune et chacun.
Ce souhait de complétude correspond à la générosité d’essences du bigaradier dont tous les éléments structurent l’Eau des Sens : l’essence d’orange amère extraite des zestes du fruit mûr est l’élément volatile. L’essence de petit-grain, extraite des rameaux distillés la contraste par sa verdeur tandis que l’essence de néroli, issue de la distillation de la fleur, est un fil olfactif acheminant à la note florale d’absolu de fleur d’oranger. C’est ici tout le cycle de l’arbre, du dur et rugueux au soyeux et sensuel, de l’âpre au suave, qui concourt à cette rondeur. Celle-ci est cinglée par l’éclair argenté de la baie de genièvre, son accident olfactif et exhausteur de senteur. Inattendu, le patchouli étoffe cet orbe de senteur tandis que l’angélique-graine parfait sa rotondité de douceur.

L’Eau des Sens entrelace cinq essences – quatre qui fusionnent en une seule. Là éclot l’idée première des cinq sens, tous émus par l’entremise d’un seul, l’odorat qui invite et convoque ses comparses de perceptions. Le cycle des matières premières du bigaradier relance le cycle des sens, son parfum devient une métaphore aérienne de la synesthésie, cette fusion sensorielle, qui était l’idée première.

L’Eau des Sens évoque et invoque ici l’histoire de diptyque : par sa sonorité plurivoque en langue des oiseaux qui répond à L’Eau, L’Ombre dans L’Eau et L’Eau Trois… toutes eaux de toilette et chacune conçue comme une sphère incernable que le temps ne sait éventer. Enfin par son illustration: cette plénitude discontinue de facettes parfumées complémentaires, et la profusion de stimuli qu’elle génère, s’accorde avec les illusions sensorielles de l’Op Art qui se développait au début des années soixante, ces années de naissance de diptyque.

Ainsi tout ici fait sens, de l’idée première, des matières premières, des premières années et de cette première fois qu’une senteur sait chaque fois ressusciter. Et de la résurrection à l’avatar, la nuance semble mince, mais elle est essentielle. Car les sens étant à l’unisson, altérer la texture réorganise la perception olfactive. Eau des Sens se métamorphose en un gel douche d’une insensée douceur, ainsi qu’en une brume parfumante pour les cheveux, où ses accents hespéridés fusionnent avec de l’huile de camélia nourrissante.