La Saint-Valentin

13.02.2017
Une "valentine"

Une "valentine"

L’histoire de la Saint-Valentin, par Jean-Claude Kaufmann

L’histoire de la Saint-Valentin est très mal connue, notamment son « tournant poétique » au début du XVème siècle, en France et en Angleterre. Dans ce dernier pays, l’habitude s’installe alors de la fêter avec des billets doux, sortes de poésies personnelles d’un jour, qui se répandent dans tous les milieux sociaux, à la Cour comme à la campagne. Bientôt ces micro-poèmes seront accompagnés de dessins et d’illustrations diverses, donnant naissance à un nouveau rituel, la carte donnée ou envoyée le 14 février, carte que l’on ne tardera pas à appeler une « valentine ». L’impact de ce petit objet sera considérable, il va bouleverser l’histoire de la Saint-Valentin.

Car ce qui se passe sous cette apparence légère est de la plus grande importance, annonciateur des bouleversements sentimentaux et littéraires à venir. Le rêve de celui qui confectionne sa valentine est en effet déjà celui du romantisme quatre siècles plus tard. Trouver les mots, les rythmes, les couleurs, qui enchantent et entraînent vers le monde amoureux, rompre avec les pesanteurs de l’ordinaire (au moins un jour) par la grâce de cette (petite) création artistique. Certes l’œuvre est bien modeste, une simple carte, à la durée souvent éphémère. Mais c’est justement ce qui va permettre son succès. L’époque n’était pas mûre pour un développement à grande échelle de ce qui explosera au XIXème siècle. C’était une sorte de premier pas. Immédiatement réussi. Les valentines en effet vont se répandre comme une trainée de poudre en Angleterre puis dans toute l’Europe, créatives, magnifiques, ornées de cœurs et de cupidons, installant ce nouveau rituel de la Saint-Valentin. Au jour du 14 février, chacun tentait de se faire peintre ou poète qui chante sa belle, pour imaginer un monde de beauté et de bonheur.

Jean-Claude Kaufmann est sociologue, auteur de Saint-Valentin, mon amour, aux éditions Les Liens qui Libèrent.

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