La musique minimaliste

23.04.2018
Quelques compositeurs du courant minimaliste (de gauche à droite) : Steve Reich, Philip Glass, John Adams, Terry Riley, Michael Nyman, et Arvo Pärt.

Quelques compositeurs du courant minimaliste (de gauche à droite) : Steve Reich, Philip Glass, John Adams, Terry Riley, Michael Nyman, et Arvo Pärt.

Qu’est ce que le minimalisme ? par Jean-Yves Bosseur

Le concept de “musique minimale” s’est développé au cours des années 1970, mais son origine remonte au début des années 1960 aux États-Unis, en particulier à New York et à San Francisco; certaines expériences de John Cage -1912-1992- (par exemple l’emblématique 4’33”, pièce basée sur la problématique du silence) et des membres du groupe Fluxus ont largement contribué à son essor. En raison de la relative immobilisation de certaines propriétés du son pendant des durées très longues, plusieurs œuvres  de Morton Feldman (1926-1987), pourraient également s’ y rattacher.  Parmi les antécédents à ce courant, on pourrait également citer Les Vexations (1893) pour piano d’Erik Satie, avec ses 840 reprises d’un unique motif (à l’initiative de John Cage, la première exécution intégrale de cette œuvre dura plus de 18 heures).

Avec le Trio for strings (1958), La Monte Young (1935) peut être considéré comme un de ses principaux protagonistes ; s’y sont également illustrés Terry Riley (1935), Steve Reich (1936) Philip Glass (1937), Jon Gibson (1940), Tom Johnson (1939). S’écartant radicalement des processus d’indétermination inventés par John Cage aussi bien que de la discontinuité généralisée engendrée par l’écriture sérielle, les compositeurs de ce qui a été appelé aussi la “musique répétitive” ont amplifié, voire généralisé le principe de l’“ostinato”, qui consiste en la persistance d’une formule mélodique, harmonique et/ou rythmique. Les traits les plus marquants de ces musiques, c’est, d’une part, la réduction délibérée et souvent radicale du matériau compositionnel à travers des schémas harmoniques simples, déduits de l’univers tonal ou modal et, d’autre part, le recours à des formules rythmiques fondées sur la prégnance d’une pulsation, avec des variations plus ou moins insensibles ou progressives à partir des éléments sonores de base.

Par exemple, dans In C (1964) de T. Riley, les instrumentistes doivent répéter les cinquante-trois formules mélodiques et rythmiques de la partition pendant un laps de temps compris entre 45 et 90 minutes ; rendus aussi insensibles que possible, les superpositions et tuilages successifs produisent ainsi peu à peu un état de fascination auditive, qui n’est pas sans refléter l’influence de certaines pratiques extra-européennes (celles du Ghana pour S. Reich, de Bali ou de l’Inde pour T. Riley).

Ce type de musique a connu de fertiles formes de développement en Grande-Bretagne chez des compositeurs comme Gavin Bryars (1943), Michael Nyman (1944) ou Brian Eno (1948)…

 

Jean-Yves Bosseur est compositeur et musicologue.