La licorne d’étoiles

13.11.2017
Philippe Baudelocque - Licorne

Philippe Baudelocque - Licorne

Dans un cosmos à cheval entre étoiles réelles et chimères de lumière galope la constellation de la Licorne. Sillonnée de nébuleuses, abritant un trou noir stellaire, insaisissable là-haut comme ici-bas, elle bondit entre les ciels austral et boréal.

Une constellation est un astérisme, dessin de lignes imaginaires joignant des étoiles coruscantes : qui brillent intensément. C’est une projection anthropomorphique sans lien astrophysique. Beaucoup de constellations (qui sont des astérismes référencés ne se chevauchant pas) datent de l’antiquité. Elles étaient alors indissociables des mythologies, chinoises, grecques ou perses, tout contrairement à celle de la Licorne, probablement nommée par l’astronome Petrus Plancius en 1613 puis cartographiée par Jakob Bartsch en 1624 (ou Jean Hevel selon d’autres sources). Certains savants d’antan avaient affirmé que cette constellation avait été identifiée par l’astronomie des Perses, lesquels ne l’auraient pas alors nommée ainsi.

La licorne qui se discerne est tant stylisée qu’elle fait autant appel à une observation savante – ça n’est pas une constellation remarquable ni aisée à repérer, qu’à la songerie traversée de visions mythiques. Ses quelques traits rappellent dans les grandes lignes le mouvement d’un cheval en course, avec une hampe droite qui serait la corne fameuse que nul n’a jamais vue mais qu’aucune ni aucun de ce monde n’ignore.

Le nom antique de la licorne, Mococéros, a donné un nom générique à diverses étoiles de cette constellation, précédée d’une lettre de l’alphabet grec qui l’identifie, parmi lesquelles l’étoile Béta Monocerotis, la plus brillante de la Licorne ; s’y trouve aussi l’étoile de Plaskett, dite étoile binaire, avec transfert de matière entre ses éléments couplés en interaction gravitationnelle.

L’absence d’étoiles particulièrement lumineuses rend la Licorne peu repérable sur le fond de la Voie lactée qui la traverse. Par ailleurs elle chevauche l’équateur galactique séparant les voutes célestes observées de l’hémisphère sud et nord, ce qui ne la rend pas toujours visible intégralement. Mais cette constellation est parcourue d’amas stellaires et de nébuleuses qui comptent parmi les plus belles connues… N’est-ce pas là un signe sûr de la Licorne ?