Keith Haring

10.12.2015
Keith Haring, "Untitled (Subway Drawing)", chalk on paper, 220 x 114 cm, 1983, © Keith Haring Foundation. Collection Udo and Anette Brandhorst.

Keith Haring, "Untitled (Subway Drawing)", chalk on paper, 220 x 114 cm, 1983, © Keith Haring Foundation. Collection Udo and Anette Brandhorst.

Keith Haring, du métro au musée

Il est sans doute, avec ses amis Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat, l’une des figures les plus emblématiques de l’effervescence artistique du New York underground des années 1980. Emporté par le Sida à l’âge de 31 ans, Keith Haring (1958-1990) a produit en quelques années seulement une œuvre foisonnante, journal intime d’un garçon à l’énergie débordante, qui pose sur son époque un regard d’une lucidité sidérante. Débarqué à New York en 1978, il y découvre les graffitis, les tags, la liberté d’un langage urbain qui le fascine. Pour lui, « l’art vit de l’imagination des gens qui le regardent ». De ses premiers dessins à la craie blanche réalisés sur les murs du métro aux œuvres qu’il présentera dans les prestigieuses galeries de Tony Shafrazi ou Leo Castelli, en passant par les expositions collectives auxquelles il participe dans le mythique Club 54, boîte de nuit gay où il brûle ses nuits, Keith Haring n’aura qu’un seul but, produire un art accessible à tous. Avec un style immédiatement reconnaissable, inspiré par la bande dessinée et la télévision, basé sur un vocabulaire graphique composé de formes simples, de signes, de pictogrammes – la figure du Radiant baby, métaphore de l’enfance et de la vie -, de couleurs en aplats et de figures cernées d’une ligne noire précise. Derrière l’apparente simplicité des dessins et des peintures aux tonalités « pop » de Keith Haring se cache un art profondément engagé. L’homme et l’artiste ne font qu’un pour s’investir corps et âme contre le racisme, les ravages de la drogue et du sida.

Par Guillaume Morel, journaliste pour le magazine « Connaissance des Arts » et auteur de plusieurs ouvrages, dont « Art Déco » et « Paquebots », publiés aux éditions Place des Victoires.

À voir : « Keith Haring. The Political Line », Kunsthal, Museumpark, 341 Westzeedijk, 3015 AA Rotterdam, +31 10 440 0301, www.kunsthal.nl, jusqu’au 7 février 2016.