John Cage

23.07.2015
John Cage (1912-1992) en 1988.

John Cage (1912-1992) en 1988.

4’33’’ est une composition musicale de John Cage en trois mouvements, sans note ni son produit par l’interprète, d’une durée de 4 minutes et 33 secondes. Son silence est une invitation à tendre l’oreille…

Le 29 aout 1952, le pianiste virtuose David Tudor interprète pour la première fois le morceau 4’33’’ de John Cage, après avoir rabattu le couvercle du piano. Le temps du morceau, le musicien tourne une partition remplie de vide en s’essayant de ne faire aucun bruit audible. Cet acte fit beaucoup de bruit.

Au-delà de l’acte musical interrogeant le statut d’une œuvre d’art et l’acte de création, il y avait une invitation à écouter. A se concentrer sur ce que cette fenêtre de silence laissait bruire : les aléas du vent, des toux, des froissements de vêtements… Chaque fois que 4’33’’ est joué, c’est une nouvelle séquence sonore aléatoire de la vie alentour qui est invitée à être écoutée comme une musique.

Car le silence n’existe pas : voilà la révélation qu’a John Cage après s’être confiné dans une chambre anéchoïque (chambre silencieuse sans écho ni ondes électromagnétiques) au Massachusetts Institute of Technology. Cela bouleverse sa conception de la musique. Un jour, répondant à ses questions, la grande musicienne indienne classique Gita Sarabhai lui avait dit que la fonction de la musique était de « calmer et apaiser l’esprit, et le rendre ainsi capable d’accueillir les influences divines. »

Or au cours de sa vie, John Cage a interrogé les diverses traditions religieuses et mystiques de l’Humanité, à la recherche d’une pratique spirituelle. Il s’était attaché à la tradition japonaise du Zen, fruit du bouddhisme indien et du ch’an dans le taoïsme chinois, qu’il étudie auprès du grand auteur et essayiste zen Daisetz Suzuki. La pratique méditative dans la posture assise du zazen, tend à procurer l’apaisement par l’extinction du trouble des pensées. Le calme silencieux qui règne alors en soi devrait savoir recevoir les sons extérieurs sans les identifier, c’est-à-dire sans même les nommer. 

John Cage avait réfléchi à 4’33’’ pendant plus de quatre ans. C’est une transposition occidentale de cet appel au silence dans la syntaxe de l’art contemporain. Ainsi qu’un bref rappel que l’art n’est rien si l’on ne s’est pas intérieurement disposé à l’accueillir.