Haïku parfumé

22.06.2015
haïku visuel 2

Le Japon est une ile de littérature depuis toujours. Le Waka désigne un genre traditionnel de la poésie nippone, dont le haïku est son lointain descendant.

Le Waka se ramifie en différents types, dont le chōka et le tanka. Chacun est réglé par des contraintes formelles rigoureuses. Parmi celles-ci, le nombre de « mores », qui est une unité de la syllabe occidentale. Le tanka est un poème court de 31 mores. Les dix-sept premiers mores composent le kami-no-ku. Dissociée, cette partie devient haikai-hokku. Puis par abréviation : le haiku

La forme du tanka prône l’observation, le ressenti et l’interrogation face au monde. Pas de réflexion, pas de spéculation, pas d’idée. Il était chanté. Sa pratique était exclusivement réservée à la cour de l’Empereur. En deçà, son usage encourait la peine de mort.

Les dix-sept mores qui composent première partie du tanka sont un tercet : trois vers dont le premier et le dernier font chacun cinq sons, et le second sept sons. Ce tercet ainsi codifié est le haïku. Détaché de la forme du tanka, le haïku s’est popularisé. Poursuivant l’œuvre de ses maîtres, c’est le poète Bashō Matsuo qui au XVIIe siècle fit de ce tercet une forme poétique autonome non chantée.

Le haïku traditionnel s’attache à l’éphémère, au temps qui roule les saisons, auxquelles il doit faire allusion. Le haïku libre s’est émancipé des règles de contenu, n’en conservant que les formelles.

Il est une ascèse poétique infiniment subtile qui exige de l’auteur un retrait de jugement. Il ne doit dire du monde que l’écho que son émotion fait résonner dans son cœur.

Gardons à l’esprit que dans l’Asie traditionnelle, l’art est un geste qui exprime la sagesse. Et ce geste ne doit tendre qu’à rendre l’artiste plus sage. Le haïku témoigne de cet accord fugace et pénétrant entre un être vivant et le monde.

En ce début d’été, et en hommage à cet art littéraire, diptyque a « illustré » ses huit Eaux parfumées d’un haïku libre.