Géo-photographie contemporaine

03.06.2016
Jürgen Nefzger, Cofrentes, Espana, 2005. ©Jürgen Nefzger

Jürgen Nefzger, Cofrentes, Espana, 2005. ©Jürgen Nefzger

Géo-photographie contemporaine, par Danièle Méaux

Depuis les années 70, le paysage s’avère très présent dans le champ de la photographie « d’art ». Si certaines réalisations aspirent à s’inscrire dans un genre plus ou moins défini par la peinture, d’autres revendiquent cependant  une proximité avec la géographie ; ces dernières se fondent sur des pratiques de terrain, des expériences de l’espace vécues dans la durée ; elles donnent à lire la manière dont les activités humaines produisent l’espace (selon l’expression d’Henri Lefebvre), se combinant entre elles et s’intégrant au cadre naturel. 

Au sein des travaux de John Davies, Joachim Brohm, Gabriele Basilico, Jürgen Nefzger ou encore Bertrand Stofleth, le paysage se donne comme un grand corps hybride, affecté d’évolutions polyrythmiques.  Les modalités selon lesquelles les habitants investissent l’espace transparaît dans des aménagements de taille importante, mais aussi dans des dispositifs plus modestes de type vernaculaire : des interventions d’empans variés se côtoient pour donner à comprendre  l’évolution complexe des sites.

Par le biais des spécificités de la photographie, des organisations visibles inédites se trouvent proposées. L’agencement formel de certains phénomènes ‒ tels que l’image les figure (et les transfigure) ‒ permet d’envisager les lieux sous un angle neuf. Loin de s’en tenir à l’illustration d’analyses théoriques ou à l’information, le médium se fait outil d’investigation à même de contribuer à une réflexion géographique, à servir l’élaboration de projets en matière d’aménagement des territoires.

 

Danièle Méaux, professeur d’esthétique et sciences de l’art à l’Université de Saint-Étienne, est spécialiste de la photographie contemporaine.