Flower Power

19.08.2016
Flower Power - photographie de Bernie Boston (©Bernie Boston) nominée au Prix  Pulitzer en 1967

Flower Power - photographie de Bernie Boston (©Bernie Boston) nominée au Prix Pulitzer en 1967

Flower Power (le pouvoir des fleurs) est un slogan qui a fleuri à San Francisco lors de l’épisode Summer of Love (L’été de l’amour) de 1967. Emblème d’amour, arme de paix, la fleur était le symbole d’une utopie anti-institutionnelle de non-violence.

Le Flower Power consistait à répondre aux forces de police, et à tout joug coercitif en général, en portant des fleurs sur soi et en en offrant à ses opposants pour désarmer leur hostilité. Fleur au fusil, mais dans celui de l’ennemi.
Si l’expression n’est pas du poète Allen Ginsberg (1926-1997), l’idée et l’inspiration le sont. En 1965, des étudiants de Berkeley l’avaient interrogé sur la façon de parer les violences attendues du gang des Hells Angels à leur endroit lors de la manifestation qu’ils s’apprêtaient à mener contre la guerre du Vietnam. Le poète leur fit une réponse de poète, inspirée par sa pratique du bouddhisme, suggérant le dépassement de la psychologie guerrière et de son cycle de peur et violence.
Il conçut alors une stratégie florale dans son essai répondant à la question que lui adressaient les étudiants protestataires « Manifestation ou Spectacle en forme d’Exemple et de Communication ou Comment mener une manifestation exemplaire ». Il y figure cette phrase : « Masses of flowers — a visual spectacle — especially concentrated in the front lines » (Masses de fleurs – un spectacle visuel – particulièrement concentrées sur les premières lignes). Il y engage encore les séditieux de la fraternité à opposer aux motards tout cuir et crime des jouets, d’inoffensives babioles, mais aussi des croix, à les leur brandir sous le nez – « comme dans les films de Dracula » précisait-il, pour appuyer la force du propos. Ces massifs floraux vivant brandissant leurs amulettes d’amour ne sauraient manquer d’attendrir ces mufles abrupts.
Plus sérieusement, Ginsberg en appelait à ce que ces fleurs, associées à l’usage de cloches, de sourires et de mantras, fléchissent toute animosité en remémorant au fond de l’âme de chacun que nous sommes unis parce que tout est Un. En somme, un motto face à des motos (le motto étant le message, la devise, la phrase qui suggère un idéal, et les Hells étant de sacrés motards…)

Cette idée, ce mouvement, ce temps du monde, cet idéal porté à bout de tige par des pétales dans les cheveux et sonorisé à l’échelle internationale par de grands artistes, a été vécu par peu de monde mais a marqué le monde. Le Flower Power est imprimé dans l’inconscient collectif : les images demeurent, les chansons perdurent et l’expression est connue de tous. Peu de poètes sont ainsi parvenus à planter des graines dans les cœurs de ses frères humains. Mais elles peinent bien à pousser.

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