Dessins sentants

15.10.2018
Dessin de Desmond Knox-Leet

Dessin de Desmond Knox-Leet

La vocation de diptyque était celle de parfumeur. Mais la ruse du destin fit passer les volutes du parfum par la ligne du dessin. Les trois fondateurs dessinaient, ou peignaient. Les senteurs diptyques se reflétèrent toujours dans un croquis à l’encre de Chine, jusqu’à aujourd’hui.

Le dessin est un thème cher à memento. L’inclination des amis fondateurs à dessiner a été abordée en détail. Il ne s’agit ici que du plaisir à se rappeler une évidence, tout comme il fait bon revivre un heureux souvenir les yeux clos. Car ce souvenir dessine l’envie de continuer, souligne la raison de persévérer, et fait apparaître les contours d’une identité qui n’a de cesse de se redessiner et ne se ressemble qu’en commençant un nouveau dessin. Epargnons-nous l’homonymie du dessin et du dessein, qui existe et vient à point, mais fleure trop la facilité. Car plutôt que d’homonymie, il s’agit essentiellement de la parenté que diptyque fait vivre entre odeur et vision, entre parfum et image, entre le nez et la main.

Bien sûr, diptyque débuta ses créations par les dessins de motifs textiles, de la main de Desmond Knox-Leet et Christiane Montadre, pendant qu’Yves Coueslant, le troisième fondateur, s’occupait de l’intendance – mais avait aussi été peintre !
Passionné de graphies, Desmond conçut de sa plume les lettrines de diptyque sous forme de lettres dansantes pour les bougies, puis le logo, enfin dessina les étiquettes des parfums. Il ne cessait jamais de dessiner, remplissant ses carnets de voyages de croquis plus encore que de notes. Après son départ dans l’invisible, son grand ami Yves prit le relais et dessina lui-même les étiquettes des parfums.
Bien sûr s’agissait-il d’illustrer des parfums, mais ces parfums étaient nés d’un paysage, d’un voyage, d’une vision que la main saurait transcrire en image. Ils initièrent ainsi ce que diptyque necesse de faire en associant chaque parfum à un artiste dessinateur et graphiste : proposer une matière imaginaire composée d’une essence volatile et d’une vision fugitive. Jus et encre dessinent une silhouette dont la substance sera la sensation de celle ou celui qui respire le parfum. Cette sensation olfactive aura sa part imaginée, induite par le dessin comme une fenêtre à travers laquelle vague le regard.

Au dos des étiquettes des eaux de toilettes et des eaux de parfum figure cette illustration. Celle-ci ne s’observe qu’au travers du liquide. Ce dessin flottant est à l’image de diptyque : un sentier de senteurs qui emprunte des tracés d’encre.