Bon vinaigre de Russie

26.02.2015
Piotr Ilitch Tchaikovsky 4 (jeune)

La maison que louait Piotr Ilitch Tchaïkovski à Kline, proche de Moscou sur la route en direction de Saint Pétersbourg, est devenue un musée dédié au compositeur. C’est là qu’il composa ses célèbres musiques pour ballet, La belle au bois dormant et Casse-Noisette. C’est ici aussi qu’en visitant le musée, Desmond Knox-Leet et Yves Coueslant y avisèrent un flacon de vinaigre de toilette de chez Rimmel sur un guéridon. En cette fin du XIXe siècle, le vinaigre de toilette comptait parmi le nécessaire du gentleman. A un siècle d’écart, en 1973, les deux gentlemen inspirés par cette vision créent le vinaigre de toilette de diptyque.

Il n’y avait alors presque plus aucun vinaigre de toilette sur le marché, sinon le classique de la maison Rimmel, et des solutions antiseptiques vendues en pharmacie. Cette distinction entre usage d’apprêt et usage de soin est somme toute moderne. Les anciens de l’antiquité utilisaient l’oxymel, une solution d’eau, de miel et de vinaigre. On en frictionnait les parties malades : ce magistère chassait les mauvaises humeurs du corps et apaisait ulcères et maux hépatiques, pneumonies et autres inflammations – ou infections. Les macérations au vinaigre tenaient lieu de panacées distillant les vertus des plantes de la recette. L’une est passée à la postérité pour avoir prémuni contre la peste des pilleurs de cadavres lors de l’épidémie qui ravagea les populations du sud de la France au XVIIe siècle. L’un des voleurs monnaya la recette contre la vie sauve. Au XVIIIe siècle apparaissent les vinaigres d’agrumes, au cédrat, aux oranges et citrons dont la bergamote, puis les vinaigres d’épices et ceux de fleurs. Il est prescrit pour la toilette dans une époque où l’eau est encore proscrite pour l’hygiène parce qu’accusée d’être un vecteur de contagions. Il s’inhale aussi, pour vivifier l’esprit. Au XIXe siècle le vinaigre de toilette est destiné aux soins du visage tout en faisant office de parfum. Son acidité est proche de l’acidité naturelle de la peau qu’il nettoie, tonifie, à laquelle il redonne bel éclat. Mais on en verse aussi dans l’eau du bain et en asperge les draps. Dilué dans l’eau bouillante, il assainit l’air d’une chambre.

Le vinaigre de toilette diptyque est inspiré d’une recette du XIXe siècle qui associe plantes, essences de bois et épices.