Jean-Baptiste Huet

02.02.2018
Jean-Baptiste Huet (1745-1811) - scène champêtre

Jean-Baptiste Huet (1745-1811) - scène champêtre

Jean-Baptiste Huet (1745-1811) fut un peintre classique tardif. Réputé mais déjà démodé en son époque tourmentée de la Révolution française et des conquêtes napoléoniennes, son style fertile de motifs décoratifs lui vaut une postérité, associant son nom à la toile de Jouy.

Huet naquit au Louvre, son père étant peintre du garde-meuble du roi. Sa lignée artistique, ses accointances naturelles liées à son lieu de naissance, puis ses maîtres renommés éveillant ses qualités naturelles, tout le destinait à être un peintre. Son école de style l’affiliait à François Boucher, le grand peintre de style dit « rocaille » de la cour de Louis XV favori de Madame de Pompadour. Jean-Baptiste Huet fut reçu à l’Académie royale comme peintre animalier, et fut dès lors exposé régulièrement au Salon. Son style naturaliste, clair et scrupuleux lui acquiert la reconnaissance, particulièrement par son traitement des thèmes pastoraux et ses fidèles représentations d’animaux.

Il travailla également comme décorateur, et même en compagnie des peintres parmi les plus connus de leur temps, Boucher et Fragonard, à des peintures murales (conservées au Musée Carnavalet, à Paris). Surtout, il fut le grand pourvoyeur de dessins et de cartons pour les toiles indiennes imprimées de Jouy (ainsi aussi que pour la manufacture de tapisserie de Beauvais). La mode était alors à la vie champêtre, et Huet excellait à représenter la nature en botaniste, plantes et fleurs d’abord, décors bucoliques, enfin bergers et bergères, tout ce qui fera la gloire des toiles de Jouy au fil d’une trentaine de dessins, toujours reproduits aujourd’hui. Son art assure en grande part le succès de ces impressions, et fixe certainement le style de la toile de Jouy.

Toutefois, Huet ne s’en tint pas seulement à ces sujets mais évolua de pastorales classiques à des arabesques puis à des répétitions géométriques et structurées de motifs dans le goût du courant néoclassique « à l’Antique » propre à la fin du XVIIIe siècle préludant à l’épopée du général Bonaparte. Huet peindra d‘ailleurs à la fin de sa carrière des animaux capturés lors des campagnes militaires lointaines, et d’abord en Egypte, du futur Napoléon. Car Huet reste d’abord un extraordinaire peintre animalier. Le Victoria & Albert Museum de Londres possède de nombreux dessins du peintre, qui demeurent encore des modèles d’impression. On accorde aujourd’hui à Huet une élaboration novatrice à ses compositions décoratives.

L’art de Jean-Baptiste Huet était un hommage savant à la beauté de la nature. Mais il laissa Diderot – le père de la critique d’art – insensible et sévère.  Il détestait cette descendance tardive et pour lui attardée de l’esthétique rocaille, jugeant la tonalité de ses toiles accrochées au Salon « âcre, rouge, sauvage et barbare » et estimant que sa facture « n’a plus de dessin ». Ironiquement, ces appréciations accusant le mode désuet de Huet pourraient pointer une modernité artistique.

Il reste que les motifs que Huet produit pour la manufacture de Jouy traversent les temps et demeurent indémodables. Ils paraissent surannés, peignent un monde paysan aboli, mais leur facture précise, leurs plaisantes saynètes qui vivent en quelques traits, cette harmonie du monde qu’ils font ressentir, gardent encore toute leur prégnance.